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Photo by CHUTTERSNAP on Unsplash

Bienvenue dans cet article spécial de l’automne sur ce que le digital apporte à la pédagogie.

Si vous me suivez, ou si j’ai eu la chance de vous former, vous connaissez mon amour, mon parti pris, et je dirais même plus ma valeur concernant la pédagogie. Hey bien c’est pour donner une visibilité à ce concept qui m’est cher que j’ai décidé de lui dédier un article entier.

Pour ce faire, je serai accompagné de Maëlle Tadjouri, qui est en train de rédiger un mémoire sur les EdTech et qui prendra les rênes de cet article. Mais je la laisse se présenter.

Bonjour, je m’appelle Maëlle Tadjouri, aujourd’hui chargée de communication digitale dans une entreprise de service numérique, je suis passionnée par le savoir, le fait de pouvoir accroître mes connaissances et de découvrir de nouveaux domaines.

C’est pourquoi je m’autoforme régulièrement depuis le début de mes études. Cette curiosité m’a poussé à faire mon travail de recherche sur le monde des  EdTech.

Plan de notre interview :

  1. Nous commencerons donc cet article, en définissant ce que sont les outils à notre disposition, comme la gamification, les EdTech ou encore Montessori pour enfin mettre des concepts derrière ces termes très utilisés.
  2. Ensuite, nous creuserons un sujet qui est central pour moi dans la vie comme dans la communication, ce sont les fameuses valeurs et au final, par-delà les outils, n’est-ce pas surtout en question d’appétence et de valeur à la pédagogie qui pousse à sa mise en place, au chamboulement complet du schéma de transmission.
  3. Pour continuer, nous aborderons un sujet des plus sensibles, les moyens et quels sont-ils vraiment ?
  4. Enfin, nous vous présenterons un état des lieux de ces pratiques et concepts dans la formation entre 2019 et 2021.

 

Notre idée dans cet épisode n’est ni de stigmatiser une forme de transmission au profit d’une autre ni de prôner un dogme mais bien de vous partager nos constats et retours d’expérience afin que vous soyez libres de décider en pleine conscience de la typologie d’enseignement dont vous où vos enfants souhaitez bénéficier.

 

Entrons tout de suite dans le vif du sujet et prenons le temps de défricher quelques termes et concepts, afin de bien comprendre de quoi nous parlons.

 

1- Qu’est-ce que les EdTech ?

Avant de vous expliquer ce qu’est le terme EdTech, je voudrais vous citer une phrase qui pour moi fait écho au sujet du jour : “Dans notre esprit français, lorsque l’on pense à l’éducation, on pense automatiquement à la scolarité, à l’éducation nationale.

En anglais le terme est bien plus large, on voit cela à l’échelle de la vie comme un chemin d’apprentissage.” Cette phrase, c’est l’ancien directeur de Edtech France, Rémi Chal, qui l’a prononcé et elle fonctionne très bien car aujourd’hui, avec les tendances dans le monde du travail qui évoluent, les évolutions dans la formation professionnelle continue, cela reflète une montée de l’individualisation et du recours à la l’auto-formation.

 

La crise du COVID a également accentué le besoin, l’envie des Français à s’autoformer et les plateformes de cours en ligne connaissent une croissance sans précédent. Du cours de yoga aux formations certifiantes, des cours de primaire au soutien scolaire, en passant par des initiations artistiques dispensées par des professionnels de tous milieux ; s’autoformer n’a jamais été aussi facile et les EdTech répondent aux envies de tous.

 

Alors les EdTech qu’est-ce que c’est ? C’est un acronyme pour educational technologie. Il désigne l’ensemble des nouvelles technologies permettant de faciliter l’enseignement et l’apprentissage.

 

MOOC, SOOC, SOCK, SPOCK ! Le savoir se dispense sous diverses formes et ces plateformes de e-learning ou de Digital learning se sont développées notamment grâce à la pédagogie active.

D’accord, je comprends maintenant ce qui se cache derrière cet anglicisme.

  • Venons-en à ce 2nd concept qui vous est peut-être plus familier, et donc vous venez de prononcer le nom de la pédagogie active. Pouvez-vous nous en dire plus ?

La pédagogie active désigne un ensemble de méthodes pédagogiques qui ont tout en commun la volonté de rendre l’étudiant, l’apprenant, acteur de ses apprentissages. Ce type de pédagogie part du principe que « c’est en faisant que l’on apprend ».

À l’inverse d’une pédagogie traditionnelle où on part de la théorie pour aller vers la pratique. Elle privilégié les situations authentiques de recherche, d’investigation au cours duquel l’étudiant doit comprendre et maîtriser les différentes ressources. Ces ressources sont mises à disposition par l’enseignant ou le formateur. Ces différentes situations ont été formalisées d’un point de vue théorique tout au long du 20e siècle et sont aujourd’hui de plus en plus appliquées.

Ici encore, nous parlons du comment et des outils de la transmission du savoir. C’est une transition toute trouvée pour vous amener vers un 3e concept qui est plus récent et qui bouscule encore plus les lignes.

  • Parlons gamification ou ludification de la formation avec vous encore Maëlle.

La Gamification, où Ludification donc, est une expression anglo-saxonne conçue sur la base du mot Game, qui est donc le jeu.

Cela désigne le recours au jeu pour faire passer un message en matière d’éducation, de politique ou de marketing. La Gamification concerne tout type de fonction où d’applications qui n’étaient pas destinées initialement au jeu. Mais que le jeu doit rendre plus accessible et plus facile à utiliser. Vous connaissez peut-être où avez eu la chance d’utiliser les quiz sur la plateforme mon clap en cours par exemple ?

Cette approche différente de la transmission trouve ses origines dans le milieu militaire, mais c’est aujourd’hui répandu de l’école à l’entreprise, en passant par l’enseignement supérieur. On peut retrouver également le cas des Serious Games, qui est utilisé pour la formation des personnels, la sensibilisation à de nouvelles techniques de management ou encore là stimulation des équipes commerciales.

Il n’y a plus de doute, jouer c’est apprendre !

  • Et enfin, nous ne pouvions pas vous parler de pédagogie, de transmission du savoir sans vous présenter les travaux et avancés de Maria Montessori. Courant de transmission, très en vogue depuis une dizaine d’année, un peu utilisé à toutes les sauces, qui est un sujet de fantasmes comme de tabous. Mais que se cache t-il vraiment derrière cette grande dame ?

Maria Montessori est une médecin et pédagogue italienne, pour ne pas dire la première, à la fin du 19e siècle, début du 20e.

Elle observe attentivement des enfants. Durant ces longues heures d’observation, elles préparent des activités destinées à les aider dans leur développement.

Son travail permet de découvrir que si les enfants évoluent dans un environnement spécialement adapté pour eux, ils sont plus concentrés et ont un meilleur contrôle d’eux-mêmes. Sa pédagogie est basée sur une approche éducative globale, mais elle s’applique de la naissance jusqu’à l’âge adulte. Ce n’est pas réservé aux enfants. Ces observations concernent les enfants de milieux culturels variés, ce qui a permis de conclure que tous les enfants sont pourvus de capacités universelles leur permettant d’acquérir des connaissances et des compétences.

La pédagogie Montessori est aujourd’hui utilisée dans le monde entier.

 

Nous espérons maintenant que ces termes et concept n’ont plus de secret pour vous, et que vos connaissances ont déjà commencé à grandir.

 

2- Les valeurs.

Les valeurs, c’est à dire les partis-pris pédagogiques, nos convictions quant à la transmission du savoir ou à sa réception, sont donc tous les éléments qui façonnent la façon dont un formateur, comme un professeur, vont partager leurs connaissances.

C’est donc elles qui vont donner le ton, le tempo ou la touche colorée à un cours. Pour certains, ces valeurs sont de simples outils permettant de faire passer le savoir. Elles seraient donc accessoires où satellite ne changerait pas le contenu élément quant à lui, central.  Pour d’autres, les valeurs sont au contraire centrales dans la transmission, car c’est de la manière de recevoir de l’état d’esprit dans lequel on se trouve que tout dépend.

 

Je pense que vous voyez poindre comme moi, 2 visions et parfois même 2 générations. Sans aller dans le débat stérile d’opposer les générations, notons tout de même que l’appétence à la méthode, à la forme, en plus du fond est toute nouvelle et date d’une vingtaine d’années.

 

Le marketing et le design en sont les fers de lance. Mais la vraie question que nous devrions tous nous poser est pourquoi sommes-nous aujourd’hui persuadés que cette nouvelle forme d’apprentissage ludique, pratique et belle, valorisée en maternelle, doit s’arrêter à l’entrée au CP et ne peut revenir qu’en sauveur à l’âge adulte pour des profils dits décrocheurs ? Pourquoi ne pas réfléchir à l’intérêt de la pédagogie dans la transmission tout au long du parcours de formation initiale pour justement éviter ce décrochage.  Et surtout pourquoi ne pas utiliser ces valeurs pédagogiques pour que l’apprentissage ne soit plus vécu comme une fin en soi au niveau du bac, de la licence ou du master ? Mais comme le disait Maëlle, plus comme un tuteur, un engrais pour notre évolution de vie. Les valeurs pédagogiques sont donc bel et bien le lien entre le formateur, l’apprenant et le savoir, sans quoi rien ne fonctionne.

 

3- Les moyens nécessaire à la pédagogie

Maintenant que nous avons découvert les valeurs et les idéaux qui se cachent derrière les pédagogies, nous allons parler des moyens nécessaires à la mise en place de cette vision.

Maëlle, je vous laisse une nouvelle fois nous éclairer sur ce point !

Comme on a pu l’aborder rapidement en début d’épisode, il n’a jamais été aussi facile de se former qu’aujourd’hui et dans n’importe quel domaine.

Si la qualité du savoir dispensé varie d’une plateforme à une autre, du meilleur au moins bon, il est quasi certain que vous trouvez une formation répondant un minimum à vos attentes.

Je crois que vous allez nous parler de 3.

Oui effectivement, car la formation représente un coût, que ce soit pour l’apprenant ou pour le formateur.

Cela représente un coût financier, humain et matériel.

  • Un coût financier tout d’abord, car la formation demande quoi qu’il lui arrive un minimum d’investissement. Le formateur engendre par exemple des coûts de création ou de recréation de ces contenus. On peut également compter les investissements en termes de matériel avec un ordinateur, du matériel d’enregistrement, comme ce podcast ou de vidéo.

 

  • Pour ce qui est du côté humain, on pourra plutôt parler d’un coup moral et un coup moral pour la société en particulier. Car on voit la société se détacher de plus en plus de cette vision très 3e République du détenteur du savoir, du sachant. Aujourd’hui, cette vision est de plus en plus controversée. Et notre pédagogie évolue. On n’est plus dans cette position classique du professeur, délivrant un savoir sans retour, sans application, sans pratique. La classe d’aujourd’hui s’appuie sur de nouvelles technologies, sur de nouvelles pédagogies, de nouveaux types d’échanges et cette évolution met à mal la vision un peu vieillotte que nous conservons malgré tout en nous.

 

  • Enfin, on parle d’un coût matériel dans le sens où il faut trouver les bons outils, les bonnes plateformes, les applications. On a aussi besoin d’un certain type de matériel, que ce soit dans les salles pour les plus petits, comme par exemple, comme on le disait tout à l’heure, pour une pédagogie Montessori, ou aussi pour les plus grands quand on parle notamment de Serious Game. Il faut pouvoir s’appuyer sur ces différents matériels pour retravailler les savoirs différemment et les mettre à la portée de tous.
Financiers, matériels, et l’humain, décider de se former, c’est décider d’investir son temps, son argent et son cerveau pour atteindre un nouveau degré de maturité et ainsi devenir à son tour un passeur de savoir.

4- État des lieux de la pédagogie, dans la formation et l’enseignement en France depuis 2019 ?

 Si 3 ministères, celui du travail, de l’enseignement supérieur et de l’éducation nationale se partagent la lourde tâche du savoir aujourd’hui, leur vision sont-elles convergentes où divergentes ?

Maëlle, je vous laisse une nouvelle fois nous éclairer sur ce point !

Comme on a pu le voir, ou au moins le deviner, les EdTechs s’adressent à différents types d’audiences. 3 en particulier.

  • On a tout d’abord tout ce qui va être formation professionnelle, qui représente environ 60% de ces EdTech.
  • On a ensuite le secteur scolaire aussi désigné sous le nom de K 12, qui représentent 39% de ces EdTech.
  • Et enfin, certes en très large minorité, on a tout ce qui va être, les plateformes d’activités et de loisirs. Certes, ils sont en minorité, mais ils connaissent une hausse assez fulgurante, notamment grâce à la crise sanitaire. En France, les entreprises EdTech sont pour la plupart des petites entreprises, 65% d’entre elles ont moins de 10 salariés et 60% ont un chiffre d’affaires inférieur à 500000€.

 

Parmi ces petites entreprises voient pourtant se détacher certains leaders tel que OpenClassroom, Digischool, Kartable ou 360 learning. OpenClassroom, et réellement un leader du marché car il a pu faire une levée de fonds en 2021 d’environ 68000000 d’euros. A l’échelle mondiale, le secteur des EdTechs est dominé par des géants chinois, américains et indiens. Le marché français, lui, c’est 2 et 100% du marché mondial.

On est un petit joueur, certes, mais nous sommes en pleine croissance. Et c’est 2020 qui a marqué un tournant décisif pour la France sur le marché de la formation en ligne et en général pour les Edechs. Cette année, où on estimait que le chiffre d’affaires atteindrait les 500000000 d’euros, a marqué un réel exploit car nous avons dépassé les 650000000 d’euros de chiffre d’affaires et générer plus de 7000 emplois.

 

En 2021 le secteur a atteint un chiffre d’affaires de 1,3 milliard d’euros. Le top 20 des plus grosses entreprises du secteur représente, par ailleurs, 70% de ce chiffre d’affaires. Plus de la moitié des EdTechs ont été créés il y a moins de 5 ans. À la différence des États-Unis, chez qui la date moyenne de création est de 2009.

 

On considère que le nombre d’emplois sur le secteur a doublé entre 2019 et 2021, passant de 5000 à 10000 emplois en moins de 2 ans. Malgré tout ça, la plateforme américaine Udemy reste le leader du marché des cours en ligne. Et durant la crise COVID a connu une augmentation de sa fréquentation de plus de 421%.

 

Tous ces chiffres nous donneraient quelque peu le vertige. Mais gardons surtout à l’esprit que c’est un secteur en pleine mutation avec la pédagogie, et que la France entre enfin dans la danse.

Nous avons encore beaucoup de graines à voir germer, mais ce qui est sûr, c’est que le savoir est devenu un enjeu pour tous, petits ou grands, actifs où retraités, et que c’est cette image que nous voulons retenir.

 

Pour conclure,

Vous avez donc pu lire, tout au long de cette interview, les définitions des nouvelles formes d’apprentissage ainsi que l’importance des valeurs pédagogiques dans la transmission de ces derniers. Ensuite, nous avons parlé des moyens, l’élément central dans la mise en place et qui revêt 3 coups :  l’humain, le matériel et le financier.

Et enfin nous avons pu observer la position de la France sur ces pratiques et son désir d’entrer dans la danse après un long moment d’observation.

 

J’espère que ces graines pédagogiques vous auront permis d’avoir de nouvelles convictions sur vos choix de formation. Surtout, n’hésitez pas à nous poser vos questions en commentaire, nous y répondrons avec plaisir.

Je remercie Maëlle pour sa participation et pour le partage de ses recherches qui nous ont permis un nouvel éclairage sur la formation et son marché.

 

Merci à tous pour votre lecture et n’oubliez pas, « la connaissance est un trésor mais c’est l’usage qui en est la clé ».

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